Manuscrit
Original :
Transcription :
« Monseigneur
Monseigneur l’illustrissime et Révérendissime
Evêque Comte de Toul, prince du St Empire, Conseillié du
Roy en ses Conseils
Supplient très humblement les Curés, Marguilliers, maire,
sindics et habitants de la paroisse de Void, disans que les biens anciens
de leur fabrique ayant été aliénés pour le rachat de leurs prisonniers
faits durant les guerres dans le païs lors de la réduction des Evéchés
sous l’obéissance du Roy, les fidèles commençant déjà à respirer par
la paix en marquèrent leur reconnoissance. A cet effet au comencement
du dernier siècle, presque tous les paroissiens du dit lieu,riches et
pauvres, le mari et la femme, à l’imitation l’un de l’autre fondaient
un obit chacun selon son pouvoir ; ce qui a duré jusqu’à l’an nonante
deux du même siècle temps auquel le Roy ayant prélevé le droit
d’amortissement à lui deus des biens ecclésiastiques. Des marguilliers
et paroissiens trop crédules aux persuasions des préposés à ce droit
auroient non seulement payé l’amortissement du peu de fond dont
la fabrique jouissoit, mais encore des obligations et constitutions
qui provenoient des donations faites pour obits, les capitaux ayant
été diminuéz, les rentes le furent à proportion, on fut même
obligé de réduire les obits ; mais aussi on vit bien tost
rallentir la ferveur des paroissiens envers leur Eglise.
Toutes ces fondations quoy que fort modiques en apparence ne
laissoient pas que d’avoir produit durant ce temps un capital
de prés de sept-mil et cinq cens livres et fournississoient un revenu
assez honnête à la fabrique après en avoir acquitté les charges : pendant
les quarante premières années les rentes étoient stipulées au denier
douze, l’espèce étoit fort rare, les denrées à vil prix et la rétribution
de la messe n’étoit que du six et huit gros barrois de sorte que la
fabrique profitait presque des deux tiers des revenus de ces fondations
et telle paroissoit être l’intention des fondateurs.
Depuis l’an quarente jusqu’à près de trente ans après
les rentes n’ayant été stipulées qu’à sept pour cent, et la
rétribution de la messe étant augmentée jusqu’à douze et quinze
gros barrois, la fabrique fit fonder les obits à proportion de
manière qu’elle profitât toujours plus de moitié pour les charges
diceux.
La fabrique trouvoit de même son compte aux fondations qui
furent faites jusqu’à la fin du siècle. Mais (comme les suppliants
ont déjà eû l’honneur de le faire remarquer à votre grandeur) le
Roy ayant tiré l’amortissement de ces fondations, les débiteurs
pour se libérer d’une rente excessive ayant remboursé insensiblement les
capitaux ; les nouvelles constitutions n’estant stipulées qu’au
denier vingt, même quelqu’unes à moins, ce revenu qui paroissoit
considérable est réduit maintenant à peu de chose, et ce capital
de près de sept mil cinq cens livres se trouve tellement
diminué que ce qu’il en reste ne produit plus que deux cens
soixante et neuf livres d’intérêst.
La fabrique après la réduction faites des obits l’ors de
l’amortissement se trouve encore aujourd’hui et en considération
de ces deux censsoixante neuf livres d’intérêst chargée de
deux censtrente six messes, cent nocturnes, et huit vêpres,
de sorte que distraction faite de la rétribution des dites nocturnes
et vêpres, il ne reste à la fabrique que vingt deux sols par
chaque messe, ce qui n’est que pour la rétribution des prêtres et
chantre, et la fabrique n’ayant rien de ces fondations pour
subvenir aux autres charges, il n’est pas étonnant qu’avec les
revenus de ses biens fonds et les charités des bonnes gens, elle se
trouve redevable par son dernier compte d’une somme de
vingt cinq livres, qu’oy qu’il n’y ait dépense extraordinaire
et que jusqu’à present elle n’ayt payé que quinze sols pour
la rétribution de la première messe de chaque obit et douze
pour la seconde et le reste à proportion comme le tout
est justifié par le chapitre de dépense du compte rendu
l’an present et comme les supplians prévoient
que dans la suitte leur fabrique ne sera en état
de fournir aux charges de telles fondation que d’ailleurs
il ne seroit juste que le peu de profit qu’elle tire de celles fondées
en héritages fut employé à subvenir aux autres dont les capitaux
et revenus ne sont diminués par la faute n’y négligence mais bien
par le fait du prince dont elle ne doit estre garante ils sont
obligé d’avoir recours à l’authorité de vôtre grandeur.
Ce Considéré monseigneurveu le rolle des
fondations et le compte cy joints il vous plaise reduire les
fondations d’obits faites en leur église paroissiale n’ayant
revenus suffisant ;ce faisant ordonner que plusieurs seront
unies jusqu'à la concurrance de quarente cinq sols de rente par
chacune messe haute, ou telle autre qu’il vous plaira préfigé, les
vigiles et vêpres à proportion.
Les suppliants ajoûtent que le Sr henry braconnotdés les premières
années de ce siècle par son testament a fondé à l’église paroissiale du dit
Void une messe du très St Sacrement tous les troisièmes jeudis de chaque
mois de l’année, avec une messe de Requiem après avec la bénédiction
au soir, pourquoy il aurait donné à la fabrique du dit lieu en contrat
de constitutions le fond de quarente trois livres de rentes annuelles,
et que par ce même testament il a donné quantité de bien fonds à
laditte fabrique à charge par elle de faire célébrer en ladite Eglise
tous les premières mercredy de chacun mois de l’année, une messe
de St Joseph avec une messe de Requiem après,& tous les premieres
samedy aussi de chacun mois une messe de la Ste Vierge
pourquoy elle retiendroit des revenus des dits biens, une somme de
cinquante trois livres douze sols, et le surplus par elle delivré à
la charité dudit lieu, Et comme ces revenus de quarente trois livres
& de cinquante trois livres douze sols, ne montent qu’a celles
de nonante sis livres douze sols et qu’il convient délivré
celle de soixante et onze livres pour retributions des prêtres et
chantres et qu’il ne reste plus à la ditte fabrique que vingt cinq livres
douze sols pour le surplus des charges qui en sont assez grosses ce qui
n’est pas suffisant, Il vous plaise ordonné qu’à lavenir il sera
pris sur ledit bien jusqu’à la concurrence de cent livres au lieu de
cinquante trois et les suppliants prieront Dieu pour la
prospérité & santé devôtre grandeur.
Joseph Hussenot C Autroth
curé maire
C Husson E Thieny J Thierry
sindicsindic marguiller marguiller
Veu la présente requete, l’état général de tous les obits fondés dans l’église paroissiale de
Void,et le dernier compte de la fabrique de la dite Eglise rendu le 27 novembre dernier,
contenant le nombre des obits, les fonds légués pour leur acquits et le produit actuel qu’elle
en perçoit , ouy aussi sur le tout le sr curé du dit Void et le sieur Pelletier lieutenant des
prevot député de la cause, considérant aussy la diminution des fonds legués, la réduction
des rentes par le payement des amortissements que le Roy a exigé et surtout l’augmentation
du prix des choses necessaire pour l’acquis du service divin dont la dite fabrique est chargée.
Tout veu, considéré et meurement examiné ,Nous ordonnons que pour l’acquis d’un obit
composé d’une messe haute suivie d’un libera il sera payé pour rétribution au sieur
Curé vingt sols ; au maitre d’ecole cinq sols, et à la fabrique vingt sols pour le luminaire
et fournitures des linges, pain vin ornements et sonneurs ; en sorte que la rétribution de chaque obit
composé comme cis dessus sera de quarante cinq sols ;Que pour la rétribution
d’une messe haute sans obsèques et libera la rétribution du prêtre sera de dix sept sols
et celle du maitre d’école de quatre sols trois deniers, et celle de la fabrique de quinze sols.
Que tous les obits dont les fonds sont suffisant pour satisfaire aux rétributions
spécifiées cy dessus subsisteront en leur entier ,et seront acquitter selon les intentions des
fondateurs, mais que des autres dont les fonds sont insufisants, on en joindra ensemble
autant qu’il sera nécessaire pour faire les rétributions cy dessus marquées,et qu’à l’égard des
messes du St sacrement et des bénédictions fondées par feu henry Braconot, le sieur curé aura
vingt quatre livres pour les messes et cinq livres pour les bénédictions.Le maitre d’Ecole cent sols. Pour
les autres messes de requiem fondées par le meme au nombre de trente six le sieur curé aura
trente livres dix sept et le maitre d’école sept livres quatorze sols et la fabrique jouira
du surplus des rentes pour ce léguées. Fait à Toul ce vingt deux décembre 1726
Sç Jérôme Evq de Toul
Par Monseigneur
Brou »
Traduction :
Monseigneur l’illustrissime et Révérendissime
Evêque Comte de Toul, prince du St Empire, Conseillé du Roi en ses Conseils
Les Curés, Marguilliers, maire, syndics et habitants de la paroisse de Void,
Supplient très humblement
Monseigneur
En disant que les biens anciens
de leur fabrique ayant été aliénés pour le rachat de leurs prisonniers
faits durant les guerres dans le pays lors de la réduction des Evêchés
sous l’obéissance du Roy, les fidèles commençant déjà à respirer par
la paix en marquèrent leur reconnaissance. A cet effet au commencement
du dernier siècle, presque tous les paroissiens du dit lieu, riches et
pauvres, le mari et la femme, à l’imitation l’un de l’autre fondaient
un obit* chacun selon son pouvoir ; ce qui a duré jusqu’à l’an quatre vingt
douze du même siècle (1692) temps auquel le Roy ayant prélevé le droit
d’amortissement à lui dû des biens ecclésiastiques, des marguilliers
et paroissiens trop crédules aux persuasions des préposés à ce droit
auraient non seulement payé l’amortissement du peu de fond dont
la fabrique jouissait, mais encore des obligations et constitutions
qui provenaient des donations faites pour obits. Les capitaux ayant
été diminués, les rentes le furent à proportion, on fut même
obligé de réduire les obits ; mais aussi on vit bientôt
ralentir la ferveur des paroissiens envers leur Eglise.
Toutes ces fondations quoique fort modiques en apparence ne
laissaient pas que d’avoir produit durant ce temps un capital
de près de sept mille et cinq cents livres et fournissaient un revenu
assez honnête à la fabrique après en avoir acquitté les charges : pendant
les quarante premières années les rentes étaient stipulées au 1/12 (8,3%),
l’espèce était fort rare, les denrées à vil prix et la rétribution
de la messe n’était que de six et huit gros barrois de sorte que la
fabrique profitait presque des deux tiers des revenus de ces fondations
et telle paraissait être l’intention des fondateurs.
* obit : somme placée, dont les intérêts payer des messes pour les morts.
Depuis l’an quarante jusqu’à près de trente ans après
les rentes n’ayant été stipulées qu’à sept pour cent, et la
rétribution de la Messe étant augmentée jusqu’à douze et quinze
gros barrois, la fabrique fit fonder les obits à proportion de
manière qu’elle profitât toujours plus de moitié pour les charges
de ceux ci.
La fabrique trouvait de même son compte aux fondations qui
furent faites jusqu’à la fin du siècle. Mais (comme les suppliants
ont déjà eu l’honneur de le faire remarquer à votre grandeur) le
Roy ayant tiré l’amortissement de ces fondations, les débiteurs
pour se libérer d’une rente excessive ayant remboursé insensiblement les
capitaux , les nouvelles constitutions n’étant stipulées qu’a u 1/20(5%),
même quelques-unes à moins, ce revenu qui paraissait
considérable est réduit maintenant à peu de chose, et ce capital
de près de sept mille cinq cents livres se trouve tellement
diminué que ce qu’il en reste ne produit plus que deux cent
soixante neuf livres d’intérêt.
La fabrique après la réduction faite des obits lors de
l’amortissement se trouve encore aujourd’hui et en considération
de ces deux cent soixante neuf livres d’intérêt chargée de
deux cent trente six Messes, cent nocturnes, et huit vêpres,
de sorte que distraction faite de la rétribution desdits nocturnes
et vêpres, il ne reste à la fabrique que vingt deux sols pour
chaque Messe, ce qui n’est que pour la rétribution des prêtres et
chantre, et la fabrique n’ayant rien de ces fondations pour
subvenir aux autres charges, il n’est pas étonnant qu’avec les
revenus de ses biens fonciers et les charités des bonnes gens, elle se
trouve redevable par son dernier compte d’une somme de
vingt cinq livres, quoiqu’il n’y ait dépense extraordinaire
et que jusqu’à présent elle n’ait payé que quinze sols pour
la rétribution de la première Messe de chaque obit et douze
pour la seconde et le reste à proportion comme le tout
est justifié par le chapitre de dépense du compte rendu
l’an présent et comme les suppliants prévoient
que dans la suite leur fabrique ne sera en état
de fournir aux charges de telles fondation que d’ailleurs
il ne serait juste que le peu de profit qu’elle tire de celles fondées
en héritages fut employé à subvenir aux autres dont les capitaux
et revenus ne sont diminués, ni par faute, ni par négligence, mais bien
par le fait du prince dont elle ne doit être garante ils sont
obligés d’avoir recours à l’autorité de votre grandeur.
Ce considéré, monseigneur, vu le rôle des
fondations et le compte ci joints il vous plaise de réduire les
fondations d’obits faites en leur église paroissiale n’ayant pas de
revenu suffisant; ce faisant ordonne que plusieurs seront
unies jusqu'à la concurrence de quarante cinq sols de rente pour
chaque Messe chantée, ou telle autre qu’il vous plaira préfixé, les
vigiles et vêpres à proportion.
Les suppliants ajoutent que le Sr Henry Braconnot dès les premières
années de ce siècle par son testament a fondé à l’église paroissiale de
Void une Messe du très St Sacrement tous les troisièmes jeudis de chaque
mois de l’année, avec une Messe de Requiem après avec la bénédiction
du soir, pourquoi il aurait donné à la fabrique du dit lieu en contrat
de constitutions le fond de quarante trois livres de rentes annuelles,
et que par ce même testament il a donné quantité de biens fonds à
laditte fabrique à charge par elle de faire célébrer en ladite église
tous les premiers mercredis de chaque mois de l’année, une Messe
de St Joseph avec une Messe de Requiem après,& tous les premiers
samedis aussi de chaque mois une Messe de la Ste Vierge
pourquoi elle retiendrait des revenus des dits biens, une somme de
cinquante trois livres douze sols, et le surplus par elle délivré à
la charité dudit lieu, Et comme ces revenus de quarante trois livres
& de cinquante trois livres douze sols, ne se montent qu’à
quatre vingt seize livres douze sols et qu’il convient retirer
soixante et onze livres pour rétributions des prêtres et
chantres, il ne reste plus à la dite fabrique que vingt cinq livres
douze sols de surplus pour ses charges qui en sont assez grosses : ce qui
n’est pas suffisant. Il vous plaise d’ordonner qu’à l’avenir il sera
pris sur ledit bien jusqu’à la concurrence de cent livres au lieu de
cinquante trois et les suppliants prieront Dieu pour la
prospérité & santé de vôtre grandeur.
Joseph Hussenot
curé (de 1711 à 1729) maire
syndic syndic marguillier marguillerie
Vu la présente requête, l’état général de tous les obits fondés dans l’église paroissiale de
Void, et le dernier compte de la fabrique de ladite église rendu le 27 novembre dernier,
contenant le nombre des obits, les fonds légués pour leur acquits et le produit actuel qu’elle
en perçoit , entendu aussi sur le tout le sieur curé deVoid et le sieur Pellisier lieutenant et
prévôt député de la cause, considérant aussi la diminution des fonds légués, la réduction
des rentes par le payement des amortissements que le Roi a exigé et surtout l’augmentation
du prix des choses nécessaires pour l’acquis du service divin dont la fabrique est chargée.
Tout vu, considéré et mûrement examiné, Nous ordonnons que pour l’acquis d’un obit
composé d’une Messe chantée suivie d’un libera sera payé pour rétribution au sieur
Curé vingt sols ; au maître d’école cinq sols, et à la fabrique vingt sols pour les luminaires
et fourniture des linges, pain vin ornements et sonneurs ; en sorte que la rétribution de chaque obit
composé comme ci dessus sera de quarante cinq sols ;Que pour la rétribution
d’une Messe chantée sans obsèques et libera la rétribution du prêtre sera de dix sept sols
et celle du maître d’école de quatre sols trois deniers, et celle de la fabrique de quinze sols.
Que tous les obits dont les fonds sont suffisants pour satisfaire aux rétributions
spécifiées ci dessus subsisteront en leur entier ,se feront acquitter selon les intentions des
fondateurs, mais que les autres dont les fonds sont insuffisants, on en joindra ensemble
autant qu’il sera nécessaire pour faire les rétributions ci dessusmarquées,et qu’à l’égard des
Messes du St sacrement et des bénédictions fondées par feu Henry Braconot, le sieur curé aura
vingt quatre livres pour les Messes et cinq livres pour les bénédictions, le maître d’école cent sols. Pour
les autres Messes de requiem fondées par le même au nombre de trente six le sieur curé aura
trente livres dix sept sols et le maître d’école sept livres quatorze sols et la fabrique jouira
du surplus des rentes léguées pour cela. Fait à Toul ce vingt deux décembre 1726.
Sç Jérôme Evq de Toul.
Original :
Transcription :
« Monseigneur
Monseigneur l’illustrissime et Révérendissime
Evêque Comte de Toul, prince du St Empire, Conseillié du
Roy en ses Conseils
Supplient très humblement les Curés, Marguilliers, maire,
sindics et habitants de la paroisse de Void, disans que les biens anciens
de leur fabrique ayant été aliénés pour le rachat de leurs prisonniers
faits durant les guerres dans le païs lors de la réduction des Evéchés
sous l’obéissance du Roy, les fidèles commençant déjà à respirer par
la paix en marquèrent leur reconnoissance. A cet effet au comencement
du dernier siècle, presque tous les paroissiens du dit lieu,riches et
pauvres, le mari et la femme, à l’imitation l’un de l’autre fondaient
un obit chacun selon son pouvoir ; ce qui a duré jusqu’à l’an nonante
deux du même siècle temps auquel le Roy ayant prélevé le droit
d’amortissement à lui deus des biens ecclésiastiques. Des marguilliers
et paroissiens trop crédules aux persuasions des préposés à ce droit
auroient non seulement payé l’amortissement du peu de fond dont
la fabrique jouissoit, mais encore des obligations et constitutions
qui provenoient des donations faites pour obits, les capitaux ayant
été diminuéz, les rentes le furent à proportion, on fut même
obligé de réduire les obits ; mais aussi on vit bien tost
rallentir la ferveur des paroissiens envers leur Eglise.
Toutes ces fondations quoy que fort modiques en apparence ne
laissoient pas que d’avoir produit durant ce temps un capital
de prés de sept-mil et cinq cens livres et fournississoient un revenu
assez honnête à la fabrique après en avoir acquitté les charges : pendant
les quarante premières années les rentes étoient stipulées au denier
douze, l’espèce étoit fort rare, les denrées à vil prix et la rétribution
de la messe n’étoit que du six et huit gros barrois de sorte que la
fabrique profitait presque des deux tiers des revenus de ces fondations
et telle paroissoit être l’intention des fondateurs.
Depuis l’an quarente jusqu’à près de trente ans après
les rentes n’ayant été stipulées qu’à sept pour cent, et la
rétribution de la messe étant augmentée jusqu’à douze et quinze
gros barrois, la fabrique fit fonder les obits à proportion de
manière qu’elle profitât toujours plus de moitié pour les charges
diceux.
La fabrique trouvoit de même son compte aux fondations qui
furent faites jusqu’à la fin du siècle. Mais (comme les suppliants
ont déjà eû l’honneur de le faire remarquer à votre grandeur) le
Roy ayant tiré l’amortissement de ces fondations, les débiteurs
pour se libérer d’une rente excessive ayant remboursé insensiblement les
capitaux ; les nouvelles constitutions n’estant stipulées qu’au
denier vingt, même quelqu’unes à moins, ce revenu qui paroissoit
considérable est réduit maintenant à peu de chose, et ce capital
de près de sept mil cinq cens livres se trouve tellement
diminué que ce qu’il en reste ne produit plus que deux cens
soixante et neuf livres d’intérêst.
La fabrique après la réduction faites des obits l’ors de
l’amortissement se trouve encore aujourd’hui et en considération
de ces deux censsoixante neuf livres d’intérêst chargée de
deux censtrente six messes, cent nocturnes, et huit vêpres,
de sorte que distraction faite de la rétribution des dites nocturnes
et vêpres, il ne reste à la fabrique que vingt deux sols par
chaque messe, ce qui n’est que pour la rétribution des prêtres et
chantre, et la fabrique n’ayant rien de ces fondations pour
subvenir aux autres charges, il n’est pas étonnant qu’avec les
revenus de ses biens fonds et les charités des bonnes gens, elle se
trouve redevable par son dernier compte d’une somme de
vingt cinq livres, qu’oy qu’il n’y ait dépense extraordinaire
et que jusqu’à present elle n’ayt payé que quinze sols pour
la rétribution de la première messe de chaque obit et douze
pour la seconde et le reste à proportion comme le tout
est justifié par le chapitre de dépense du compte rendu
l’an present et comme les supplians prévoient
que dans la suitte leur fabrique ne sera en état
de fournir aux charges de telles fondation que d’ailleurs
il ne seroit juste que le peu de profit qu’elle tire de celles fondées
en héritages fut employé à subvenir aux autres dont les capitaux
et revenus ne sont diminués par la faute n’y négligence mais bien
par le fait du prince dont elle ne doit estre garante ils sont
obligé d’avoir recours à l’authorité de vôtre grandeur.
Ce Considéré monseigneurveu le rolle des
fondations et le compte cy joints il vous plaise reduire les
fondations d’obits faites en leur église paroissiale n’ayant
revenus suffisant ;ce faisant ordonner que plusieurs seront
unies jusqu'à la concurrance de quarente cinq sols de rente par
chacune messe haute, ou telle autre qu’il vous plaira préfigé, les
vigiles et vêpres à proportion.
Les suppliants ajoûtent que le Sr henry braconnotdés les premières
années de ce siècle par son testament a fondé à l’église paroissiale du dit
Void une messe du très St Sacrement tous les troisièmes jeudis de chaque
mois de l’année, avec une messe de Requiem après avec la bénédiction
au soir, pourquoy il aurait donné à la fabrique du dit lieu en contrat
de constitutions le fond de quarente trois livres de rentes annuelles,
et que par ce même testament il a donné quantité de bien fonds à
laditte fabrique à charge par elle de faire célébrer en ladite Eglise
tous les premières mercredy de chacun mois de l’année, une messe
de St Joseph avec une messe de Requiem après,& tous les premieres
samedy aussi de chacun mois une messe de la Ste Vierge
pourquoy elle retiendroit des revenus des dits biens, une somme de
cinquante trois livres douze sols, et le surplus par elle delivré à
la charité dudit lieu, Et comme ces revenus de quarente trois livres
& de cinquante trois livres douze sols, ne montent qu’a celles
de nonante sis livres douze sols et qu’il convient délivré
celle de soixante et onze livres pour retributions des prêtres et
chantres et qu’il ne reste plus à la ditte fabrique que vingt cinq livres
douze sols pour le surplus des charges qui en sont assez grosses ce qui
n’est pas suffisant, Il vous plaise ordonné qu’à lavenir il sera
pris sur ledit bien jusqu’à la concurrence de cent livres au lieu de
cinquante trois et les suppliants prieront Dieu pour la
prospérité & santé devôtre grandeur.
Joseph Hussenot C Autroth
curé maire
C Husson E Thieny J Thierry
sindicsindic marguiller marguiller
Veu la présente requete, l’état général de tous les obits fondés dans l’église paroissiale de
Void,et le dernier compte de la fabrique de la dite Eglise rendu le 27 novembre dernier,
contenant le nombre des obits, les fonds légués pour leur acquits et le produit actuel qu’elle
en perçoit , ouy aussi sur le tout le sr curé du dit Void et le sieur Pelletier lieutenant des
prevot député de la cause, considérant aussy la diminution des fonds legués, la réduction
des rentes par le payement des amortissements que le Roy a exigé et surtout l’augmentation
du prix des choses necessaire pour l’acquis du service divin dont la dite fabrique est chargée.
Tout veu, considéré et meurement examiné ,Nous ordonnons que pour l’acquis d’un obit
composé d’une messe haute suivie d’un libera il sera payé pour rétribution au sieur
Curé vingt sols ; au maitre d’ecole cinq sols, et à la fabrique vingt sols pour le luminaire
et fournitures des linges, pain vin ornements et sonneurs ; en sorte que la rétribution de chaque obit
composé comme cis dessus sera de quarante cinq sols ;Que pour la rétribution
d’une messe haute sans obsèques et libera la rétribution du prêtre sera de dix sept sols
et celle du maitre d’école de quatre sols trois deniers, et celle de la fabrique de quinze sols.
Que tous les obits dont les fonds sont suffisant pour satisfaire aux rétributions
spécifiées cy dessus subsisteront en leur entier ,et seront acquitter selon les intentions des
fondateurs, mais que des autres dont les fonds sont insufisants, on en joindra ensemble
autant qu’il sera nécessaire pour faire les rétributions cy dessus marquées,et qu’à l’égard des
messes du St sacrement et des bénédictions fondées par feu henry Braconot, le sieur curé aura
vingt quatre livres pour les messes et cinq livres pour les bénédictions.Le maitre d’Ecole cent sols. Pour
les autres messes de requiem fondées par le meme au nombre de trente six le sieur curé aura
trente livres dix sept et le maitre d’école sept livres quatorze sols et la fabrique jouira
du surplus des rentes pour ce léguées. Fait à Toul ce vingt deux décembre 1726
Sç Jérôme Evq de Toul
Par Monseigneur
Brou »
Traduction :
Monseigneur l’illustrissime et Révérendissime
Evêque Comte de Toul, prince du St Empire, Conseillé du Roi en ses Conseils
Les Curés, Marguilliers, maire, syndics et habitants de la paroisse de Void,
Supplient très humblement
Monseigneur
En disant que les biens anciens
de leur fabrique ayant été aliénés pour le rachat de leurs prisonniers
faits durant les guerres dans le pays lors de la réduction des Evêchés
sous l’obéissance du Roy, les fidèles commençant déjà à respirer par
la paix en marquèrent leur reconnaissance. A cet effet au commencement
du dernier siècle, presque tous les paroissiens du dit lieu, riches et
pauvres, le mari et la femme, à l’imitation l’un de l’autre fondaient
un obit* chacun selon son pouvoir ; ce qui a duré jusqu’à l’an quatre vingt
douze du même siècle (1692) temps auquel le Roy ayant prélevé le droit
d’amortissement à lui dû des biens ecclésiastiques, des marguilliers
et paroissiens trop crédules aux persuasions des préposés à ce droit
auraient non seulement payé l’amortissement du peu de fond dont
la fabrique jouissait, mais encore des obligations et constitutions
qui provenaient des donations faites pour obits. Les capitaux ayant
été diminués, les rentes le furent à proportion, on fut même
obligé de réduire les obits ; mais aussi on vit bientôt
ralentir la ferveur des paroissiens envers leur Eglise.
Toutes ces fondations quoique fort modiques en apparence ne
laissaient pas que d’avoir produit durant ce temps un capital
de près de sept mille et cinq cents livres et fournissaient un revenu
assez honnête à la fabrique après en avoir acquitté les charges : pendant
les quarante premières années les rentes étaient stipulées au 1/12 (8,3%),
l’espèce était fort rare, les denrées à vil prix et la rétribution
de la messe n’était que de six et huit gros barrois de sorte que la
fabrique profitait presque des deux tiers des revenus de ces fondations
et telle paraissait être l’intention des fondateurs.
* obit : somme placée, dont les intérêts payer des messes pour les morts.
Depuis l’an quarante jusqu’à près de trente ans après
les rentes n’ayant été stipulées qu’à sept pour cent, et la
rétribution de la Messe étant augmentée jusqu’à douze et quinze
gros barrois, la fabrique fit fonder les obits à proportion de
manière qu’elle profitât toujours plus de moitié pour les charges
de ceux ci.
La fabrique trouvait de même son compte aux fondations qui
furent faites jusqu’à la fin du siècle. Mais (comme les suppliants
ont déjà eu l’honneur de le faire remarquer à votre grandeur) le
Roy ayant tiré l’amortissement de ces fondations, les débiteurs
pour se libérer d’une rente excessive ayant remboursé insensiblement les
capitaux , les nouvelles constitutions n’étant stipulées qu’a u 1/20(5%),
même quelques-unes à moins, ce revenu qui paraissait
considérable est réduit maintenant à peu de chose, et ce capital
de près de sept mille cinq cents livres se trouve tellement
diminué que ce qu’il en reste ne produit plus que deux cent
soixante neuf livres d’intérêt.
La fabrique après la réduction faite des obits lors de
l’amortissement se trouve encore aujourd’hui et en considération
de ces deux cent soixante neuf livres d’intérêt chargée de
deux cent trente six Messes, cent nocturnes, et huit vêpres,
de sorte que distraction faite de la rétribution desdits nocturnes
et vêpres, il ne reste à la fabrique que vingt deux sols pour
chaque Messe, ce qui n’est que pour la rétribution des prêtres et
chantre, et la fabrique n’ayant rien de ces fondations pour
subvenir aux autres charges, il n’est pas étonnant qu’avec les
revenus de ses biens fonciers et les charités des bonnes gens, elle se
trouve redevable par son dernier compte d’une somme de
vingt cinq livres, quoiqu’il n’y ait dépense extraordinaire
et que jusqu’à présent elle n’ait payé que quinze sols pour
la rétribution de la première Messe de chaque obit et douze
pour la seconde et le reste à proportion comme le tout
est justifié par le chapitre de dépense du compte rendu
l’an présent et comme les suppliants prévoient
que dans la suite leur fabrique ne sera en état
de fournir aux charges de telles fondation que d’ailleurs
il ne serait juste que le peu de profit qu’elle tire de celles fondées
en héritages fut employé à subvenir aux autres dont les capitaux
et revenus ne sont diminués, ni par faute, ni par négligence, mais bien
par le fait du prince dont elle ne doit être garante ils sont
obligés d’avoir recours à l’autorité de votre grandeur.
Ce considéré, monseigneur, vu le rôle des
fondations et le compte ci joints il vous plaise de réduire les
fondations d’obits faites en leur église paroissiale n’ayant pas de
revenu suffisant; ce faisant ordonne que plusieurs seront
unies jusqu'à la concurrence de quarante cinq sols de rente pour
chaque Messe chantée, ou telle autre qu’il vous plaira préfixé, les
vigiles et vêpres à proportion.
Les suppliants ajoutent que le Sr Henry Braconnot dès les premières
années de ce siècle par son testament a fondé à l’église paroissiale de
Void une Messe du très St Sacrement tous les troisièmes jeudis de chaque
mois de l’année, avec une Messe de Requiem après avec la bénédiction
du soir, pourquoi il aurait donné à la fabrique du dit lieu en contrat
de constitutions le fond de quarante trois livres de rentes annuelles,
et que par ce même testament il a donné quantité de biens fonds à
laditte fabrique à charge par elle de faire célébrer en ladite église
tous les premiers mercredis de chaque mois de l’année, une Messe
de St Joseph avec une Messe de Requiem après,& tous les premiers
samedis aussi de chaque mois une Messe de la Ste Vierge
pourquoi elle retiendrait des revenus des dits biens, une somme de
cinquante trois livres douze sols, et le surplus par elle délivré à
la charité dudit lieu, Et comme ces revenus de quarante trois livres
& de cinquante trois livres douze sols, ne se montent qu’à
quatre vingt seize livres douze sols et qu’il convient retirer
soixante et onze livres pour rétributions des prêtres et
chantres, il ne reste plus à la dite fabrique que vingt cinq livres
douze sols de surplus pour ses charges qui en sont assez grosses : ce qui
n’est pas suffisant. Il vous plaise d’ordonner qu’à l’avenir il sera
pris sur ledit bien jusqu’à la concurrence de cent livres au lieu de
cinquante trois et les suppliants prieront Dieu pour la
prospérité & santé de vôtre grandeur.
Joseph Hussenot
curé (de 1711 à 1729) maire
syndic syndic marguillier marguillerie
Vu la présente requête, l’état général de tous les obits fondés dans l’église paroissiale de
Void, et le dernier compte de la fabrique de ladite église rendu le 27 novembre dernier,
contenant le nombre des obits, les fonds légués pour leur acquits et le produit actuel qu’elle
en perçoit , entendu aussi sur le tout le sieur curé deVoid et le sieur Pellisier lieutenant et
prévôt député de la cause, considérant aussi la diminution des fonds légués, la réduction
des rentes par le payement des amortissements que le Roi a exigé et surtout l’augmentation
du prix des choses nécessaires pour l’acquis du service divin dont la fabrique est chargée.
Tout vu, considéré et mûrement examiné, Nous ordonnons que pour l’acquis d’un obit
composé d’une Messe chantée suivie d’un libera sera payé pour rétribution au sieur
Curé vingt sols ; au maître d’école cinq sols, et à la fabrique vingt sols pour les luminaires
et fourniture des linges, pain vin ornements et sonneurs ; en sorte que la rétribution de chaque obit
composé comme ci dessus sera de quarante cinq sols ;Que pour la rétribution
d’une Messe chantée sans obsèques et libera la rétribution du prêtre sera de dix sept sols
et celle du maître d’école de quatre sols trois deniers, et celle de la fabrique de quinze sols.
Que tous les obits dont les fonds sont suffisants pour satisfaire aux rétributions
spécifiées ci dessus subsisteront en leur entier ,se feront acquitter selon les intentions des
fondateurs, mais que les autres dont les fonds sont insuffisants, on en joindra ensemble
autant qu’il sera nécessaire pour faire les rétributions ci dessusmarquées,et qu’à l’égard des
Messes du St sacrement et des bénédictions fondées par feu Henry Braconot, le sieur curé aura
vingt quatre livres pour les Messes et cinq livres pour les bénédictions, le maître d’école cent sols. Pour
les autres Messes de requiem fondées par le même au nombre de trente six le sieur curé aura
trente livres dix sept sols et le maître d’école sept livres quatorze sols et la fabrique jouira
du surplus des rentes léguées pour cela. Fait à Toul ce vingt deux décembre 1726.
Sç Jérôme Evq de Toul.